dimanche 12 juillet 2009

démolition des remparts






De par sa situation géographique, la cité primitive se révéla vite une ville marchande importante, ce qui lui valut d'être assiégée, attaquée, occupée ou visitée.

Déjà, en 409, Dax subit l'attaque des Vandales. En 414, ce sont les Wisigoths.Viennent ensuite les Francs, les Vascons en 588, les Maures en 732, Charlemagne en 776, Louis le Débonnaire en 812, les Normands en 848., Richard Coeur de Lion en 1175, Jean sans Terre en 1199, Philippe le Bel en 1288, Charles VII en 1442.....

Pourtant, les remparts résistèrent et survécurent au cours des siècles, si bien que, jusqu'au XIXe siècle , à part quelques additions, aménagements et réparations, l'enceinte antique était restée relativement intacte. La seule modification avait été l'adjonction d'un château aux XIII et XIVème siècle.

Classée place-forte de l’État au XVIIe siècle sans modernisation des fortifications, la cité dut ensuite la conservation de ses murailles pourtant obsolètes à la politique d'entretien préventif de l'administration militaire, excluant toute aliénation ou démolition. Bien sur, une série d'ouvrages extérieurs avaient été accolés, notamment pour protéger les portes, comme le bastion Sainte Marguerite, les contrescarpes et ravelins.

A la fin du XVIII ème siècle la ville avait , vue du dehors, un aspect triste et désolé. Si les terrasses étaient plantées d'ormeaux, le haut des tours était en partie tombé, les courtines disparaissaient sous les arbustes., les terrains militaires abandonnés, les fossés affermés comblés.

En 1791, la ville profita des aménagements d'un nouveau pont et une nouvelle entrée plus directe et commode, pour démolir une grande partie du rempart Nord. A cette époque, la ville n’avait pas débordé des limites de son enceinte.

Déclassée en 1804, à l'exception du château, l'enceinte fut récupérée et "réparée" par le génie militaire entre 1833 et 1849.  Celui-ci ne trouva pas mieux que de faire piquer, à grands frais, le parement romain,.  de remplacer l'appareil ancien par de la pierre de Bidache,  avant de crépir le tout au lait de chaux. Ce travail resta cependant inachevé et la moitié des murs restait intacte.

Malheureusement, la place forte qui n 'avait jusqu'alors à craindre que ces réparations maladroites - les militaires avaient entrepris de la consolider par des enduits de plâtre et de chaux cachant les joints et l'appareil gallo-romain - a été déclassée, à la demande de la municipalité en 1850.




Decret de Napoleon en date du du 12 juillet 1808

Nous faisons donation à la ville de Dax, pour la perception de ses octrois et pour l'établissement d'une place de marché, des remparts de ladite ville, le château excepté, et du bastion dit de la Marguerite, depuis et y compris la portion de mur qui ferme la place Poyanne, et en suivant la ligne tracée en noir sur le plan annexé au présent décret. Il ne pourra être fait aucun changement notable auxdits remparts que de l'avis du Prefet, et avec l'approbaton de notre ministre de l'intérieur.

La volonté politique locale, dynamisée par la construction de la ligne de chemin de fer de Paris à Biarritz, était en effet de faire disparaître l'enceinte pour laisser place à de nouveaux projets d'urbanisme, d'embellissement de la ville, et mettre en avant les qualités de son thermalisme. On évoqua donc l'insalubrité, la vétusté des canalisations d'eau chaude, l'absence d'égouts , puis le développement du commerce, et la jonction des faubourgs à la ville pour y favoriser l''industrie.

On demanda donc l'autorisation de la faire disparaître et l'administration centrale ne fit aucune difficulté pour l''accorder dès 1850. On entreprit la démolition de la partie sud-est, entre la porte Saint Vincent et la porte de l'évêché, dite porte Dauphine.

Cela ne manqua pas de provoquer chez les archéologues une tardive prise de conscience de la valeur patrimoniale et du caractère antique de ces remparts, devant justifier et assurer leur sauvetage. Certains se sont émus à la perspective de la destruction des murs gallo-romains, à
peu près uniques en Europe, lorsque des voix autorisées protestèrent contre cet acte de considéré comme du vandalisme.

Alors que les travaux de démolition des portes et de quelques tours avaient commencé, diverses protestations et tentatives pour la conservation de ces remparts historiques furent alors faites auprès des autorités et du gouvernement, en particulier par Léo Drouyn, de Bordeaux, et M.de Caumont, directeur de la société française d'archéologie. Léon Drouyn fut le premier. Quand il visita Dax, il trouva la brèche considérable déjà faite à grand peine dans la partie orientale de l'enceinte.

On envisagea un moment de conserver la partie située derrière la cathédrale et la partie sud-est, mais dès 1853, le conseil municipal souhaita l'ouvrir entre la porte saint-Pierre et l'angle.

état de l'enceinte vers 1856 après les premières démolitions

S'ensuivit, entre 1856 et 1858, une suite de débats passionnés à l'échelle nationale entre les défenseurs des intérêts municipaux et les historiens et archéologues désormais convaincus de la valeur d'exemplarité des murailles de Dax. Des pétitions furent présentées, mais faute d'une position tranchée des services de l'État, et en présence des désirs formels de la ville, le classement monument historique proposé ne fut pas adopté. Les travaux continuaient et le Conseil municipal étaitt résolu à ne conserver qu'un simple échantillon des anciens remparts.

Les interventions demeurant sans résultat utile, un éminent archéologue anglais, M. C. Roach Smith accourut même pour joindre ses efforts et organisa en faveur des murailles de la cité une véritable croisade dans la presse anglaise avant de s'adresser à l'empereur lui-même. Il réussit
provisoirement.Le ministre d'État, ordonna, en 1861, de suspendre toute espèce de démolition jusqu'à ce qu'il eût pris des renseignements

En décembre 1861, M. Du Peyrat, inspecteur de la Société française d'Archéoiogie indique que l'œuvre de destruction est arrêtée après qu'on ait eu démoli à peu-près le sixième de la longueur des remparts.

Dans un rapport au ministre, le préfet des Landes rétorqua que l'enceinte avait été presque entièrement reconstruite , soit au moyen-âge, soit dans les temps modernes, et que l'administration municipale avait toujours eu l'intention de conserver la partie des remparts qui offre des vestiges de l'époque gallo-romaine. A l'opposé, les érudits voulaient amener la ville à garder une partie plus importante de ces antiques fortifications, "dût-elle sacrifier pour cela un bout de boulevard qui ne les vaudra jamais comme ornement de la cité ".

M. Mérimée, arguant du peu de moyens d'action dont disposait le Ministre d'État pour assurer la conservation des anciens monuments, estima que, dans la circonstance, il était difficile de s'opposer aux vœux de la population de Dax. Il indiqua donc que le meilleur parti à prendre était de recommander d'épargner la plus grande étendue possible des murailles gallo-romaines encore subsistantes, et d'engager l'administration municipale à recueillir avec soin toutes les indications que pouvait fournir la démolition des autres parties, les anciennes fondations devant exister dans leur état primitif au-dessous des constructions plus récentes - par exemple , examiner si les tours qui flanquent l'enceinte étaient ouvertes ou fermées à la gorge ; rechercher si ...des fragments de sculpture provenant d'édifices plus anciens auraient été employés dans la construction des remparts ; mettre en réserve toutes les inscriptions qui seraient rencontrées , etc. »

En résumé, M. le Ministre de l'intérieur pensa qu'il n'y avait plus lieu dès lors de mettre obstacle à la démolition réclamée par les habitants de la ville de Dax.

Et, de fait, l'enceinte fut démolie presque en totalité entre 1858 et 1876, sans oublier la destruction peu après, du château médiéval, transformé en caserne en 1822, rendu à la ville en 1888 et rasé en 1891 pour faire place à un établissement thermal puis au Splendid-Hôtel, le palace de la ville.

Le peu de vestiges conservé fut classé en 1889.Restent auourd'hui un échantillon d'une cinquantaine de mètres restaurés,au bord de la place des Salines, et la partie nord au bord du parc des arènes, mais enfoncée, découronnée, crépie et couverte de lierre. Le plus intéressant reste la partie située derrière les bains Saint-Pierre

Pour le reste, il suffit de se pencher sur le plan de la ville, pour imaginer la cité gallo-romaine à l'intérieur des boulevards circulaires. C'est elle qui a modelé le tracé des rues, places et maisons, à l’intérieur du mur....et à l'extérieur.

revers de médaille anglaise commémoratrice du succès de M R Smith-1858-






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